JETON KELMENDI
COMME LE COMMENCEMENT EST SILENCIEUX
Edition bilingue albanais – français
Poèmes traduits par Athanase Vantchev de Thracy et Skender Sherifi
Note biographique:
Le poète Jeton KELMENDI est né à Pejë (Kosovo) en 1978.
Il a fait ses études primaires et secondaires dans sa ville natale. Il est licencié de journalisme de l’Université de Prishtina. Actuellement, Kelmendi poursuit ses études supérieures à l’Université Libre de Bruxelles (Politique internationale et Problèmes de sécurité). Parallèlement à ses travaux universitaires, il écrit et publie plusieurs recueils de poésies. Jeton Kelmendi est collaborateur de bon nombre de médias, albanais et étrangeres, traitant essentiellement d’affaires culturelles et politiques.
Kelmendi s’est fait connaître par le large public grâce à son premier ouvrage poétique “Le siècle des promesses”, publié en 1999 et qui a connu un immense succès. Ses poésies sont traduites en 22 langues et publiées dans beaucoup d’anthologies.
Il est membre de nombreux clubs internationaux de poètes.
Il est vétéran de la guerre que l’UCK a mené pour l’indépendance de Kossovo (1998-1999)
A présent Kelmendi vit et travaille à Bruxelles.
Ouvrages de l’auteur :
Poésie :
Le siècle des promesses, Rilidja, Prisjhtinë,1999
Par-delà le silence, Faik Konica, Prishtinë, 2002
Peut-être à la mi-journée, Faik Konica, Prishtinë, 2004
Donne-moi un peu de pays, Faik Konica, Prishtinë, 2005
Où nous mènent les événements, Ombra GVG,Tiranë, 2007
Tu viens pour le bruit du vent, Globus R., Tiranë 2008
Le temps lorsqu’il aura du temps, Ideart, Tiranë, 2009
Drame :
Dame parole, 2007
Publications en langues étrangères :
Ce mult s-au rãrit scrisorile / Les lettres sont devenues fort rares (choix de poèmes traduits et publiés en roumain)
A Breath / La respiration (choix de poèmes traduits et publiés en Inde)
Reconnaissance internationale :
Membre de l’Association des journalistes professionnels d’Europe, Bruxelles.
Membre de l’Académie européenne des Sciences, des Arts et des Lettres, Paris.
Grand Prix Internationa Solenzara de Poésie, France.
JETON KELMENDI
Préface
La poésie de Jeton Kelmendi est pareille à un jardin très secret, riche en fleurs rares et jalousement protégé par des hauts murs. Dans ce jardin débordant d’amour se promène le cœur vibrant du poète. Cœur très parcimonieux en paroles. Ce que ce cœur dit est triplement filtré par une intelligence en constant éveil. Sous le vent d’or et la rosée de jade, il n’exprime que l’essentiel.
Dense, serrée, compacte, sa poésie évite soigneusement tout ornement, toute adminicule. Point d’atours inutiles, point d’attifets qui distraient. Ces vers contiennent une musique discrète, pure, calme. Sous le voile pudique des phrases, simples et claires, se cachent des tristesses têtues, des blessures profondes, des foyers d’amour, des cendres d’acrimonies et de détestations mal éteintes.
Kelmendi affectionne l’ellipse, cette figure si illyrienne, qui aime omettre un ou plusieurs éléments nécessaires à la compréhension du texte pour produire un effet de raccourci, de choc, de frappe. Elle oblige le lecteur à s’attarder sur les vers pour rétablir ce que l’auteur a volontairement passé sous silence. On y rencontre la variante la plus brève de l’ellipse, la brachylogie, figure rhétorique qui a en aversion de répéter un mot déjà employé, surtout si ce mot est un verbe. L’ellipse poétique chez Kelmendi va jusqu’à l'agrammatisme afin de produire un effet particulier. La phrase, réduite à ses lexèmes, conserve son sens grâce aux intonations, comme dans les monologues intérieurs ou les impressions fugitives.
La poésie mondiale se doit de compter avec ce jeune poète enthousiaste aux ressources qui semblent inépuisables. A 31 ans seulement, Kelmendi a publié bon nombre de recueils et d’essais, traduits en plusieurs langues, et a obtenu des récompenses littéraires internationales de la plus haute importance.
Athanase Vantchev de Thracy Le 30 juillet 2010
MADEMOISELLE PAROLE ET MONSIEUR PENSEE
1.
J’ai parlé d’une manière plutôt
Différente
Trop triomphante
Mademoiselle
J’espère que
Vous n’y voyez pas d’offense
Ce ne sont, après tout
Que des paroles d’un poète
Et vous savez qu’il est permis
De mettre à nu
Des pensées habillées
Et de couvrir leur nudité
D’habits de mon imagination
Ou bien
Vous aurait-il convenu
Que je vous dise tout simplement
Que je vous aime
Les mots que chacun dit
A qui il veut
Comme l’époux à son épouse
Mademoiselle
Je vous prie de les reconsidérer
2.
Bien entendu
Les pensées sont vides sans la parole
Ou bien la parole
Est dénuée de sens en l’absence de l’esprit
Vous êtes si adorable
Vous êtes Mademoiselle Parole
Et je suis Monsieur Pensée
Depuis toujours j’ai vu ainsi les choses
Moi-même avec vous-même et avec moi-même
Et cette formule-même d’amour
En n’importe quel lieu
Si toutefois elle peut survivre
A la modernité
Alors Mademoiselle Parole
Votre attrait est fort
Quand Monsieur pensée
Vous prête son charme
3.
Allons
Réconcilions-nous
Car le silence
Inquiet surveille
Ce qui doit nous arriver
De toute manière
Mademoiselle Parole
Je voudrais vous donner un baiser
Un seul
N’étant pas sûr comment
Pourraient le suivre un second et un troisième
Laissez vivre sans entrave la liberté
Laissez la parole
L’esprit
Dire
Ce qu’ils veulent
Maintenant je veux
Mon premier baiser
Paris, Juillet 2006
ZONJA FJALË E ZOTËRI MENDIM
1
Kam fol pak
Ndryshe
Tepër ngadhënjyeshëm
Zonjushe
Por them
S’ma merr për të madhe
Fundja fjalët e një poeti
Janë
Dhe ti e dinë se lejohet
Mendimet e veshura me i zhvesh
Cipë cullak
E të zhveshurat
Me i veshë me kostume të qejfit tëm
Ose
Nëse për ty ka mjaftuar
Të them të dua
Atë që ja thotë gjithkush
Gjithkujt
Edhe burri gruas vetë
Zonjushe
Unë kam krejt tjetër mendim
2
Sikur
Mendimi s’ka vlerë pa fjalën
Apo fjala
Ç’thotë pa e lodhur mendjen
Shpirt njeriu
Ti je zonja fjalë
E unë zotëri mendim
Krejt kështu i kam pa
Vetën me ty e ty me mua
Bile
Edhe këtë formulë dashurie
Gjithandej
Nëse ka mbet ku pas
Modernizimit
Prandaj
Zonja fjalë je e bukur
Kur zotëri mendimi
Ta jep bukurinë
3
E hë de
Duhet m’u pajtua se
Heshtja
Na vëzhgon ankthshëm
Çka po bëhet me ne
Po nejse ma
Zonja fjalë
Dua me të puth tash
Veç një herë
Se e dyta e treta
Nuk e di si vijnë
Liria le të rrojë e lirë
Edhe fjala
Edhe mendja
Le të flasin çka
Të duan
Unë
Tani dua puthjen e parë
Paris, korrik 2006
ILLYRIEN
Le poids de ton corps
Ta puissance aérienne
Ton art d’entrer de fougue en calme
Sont incommensurables
Comme ta lumière
Reçue hors toute limite
Ton rayonnement est sans mesure
Ou bien
Tu es ce suprême qui déborde toute dimension
Je jure sur le puits de mes paroles
Tu es une miette d’oubli
Par delà nos ouïes par delà nos regards
Pour des millénaires
Tu es
Une pensée scintillante
Et jamais
Personne n’a su prononcer ta juste louange
Ma patrie bénie qui m’a légué mon nom
Albanais
ILIRISHTE
Nuk matet me asgjë
Pesha e trupit tënd
Forca e ajrit
Ngadalsimi i shpejtësive
Nuk të shihet as anadrita
Sikur
S’ka njësi matëse trakeje
Ose
I kapërcen të gjitha
Për shpirt të fjalës
Je
Një nëngram harrimi
Tej veshit e syrit
Njëqind e një mijë vjet
Mendim i ndritur
Je
Dhe kurr
Kush me t‘mat s‘ka mundur
Atdheu im i Zotit që ma dha emrin
SHQIPETARË
Auderghem, shkurt 2007
ENCOURAGEMENT
Un jour
Mon jour viendra
S’il est vrai en effet
Que chaque chien a son jour
Et je saurai comment l’accueillir
Puis le sol donnera autant de pain
Et autant d’eau la source
Que toutes les gorges seront comblées
Mais hélas
Que pouvons-nous faire de toi
Nous méfier du demain
Journée de malheur
Viena, summer 2006
PËR KURAJO
Një ditë
Do të vijë dita ime
Nëse është e vërtetë se
Gjithkush e ka nga një ditë
Dhe Unë do të dij ta pres
Do ti ketë bukë toka
E uji kroji
Sa ti mbush zbrastitë
Po
Çfar të bëjmë me ty
Mobesim në nesër
Në pikë të hallit à ajo ditë
Vjenë, verë 2006
ELLIPSE
Il apparaît maintenant
Puis disparaît
Ensuite vient tout près
Proche d’un côté
Eloigné de l’autre
Il brille d’une lumière scintillante
Garde sa maman
Avec votre bouche loquace
Crée un monde intérieur
Avec tout ce que vous voyez
A sa place
Elle a un flair pour les langues
D'une façon ou d'une autre
Il se dérobe,
Vous regarde fixement,
Entre dans le mot
Et votre paix le dérange,
C’est quelque chose,
Oui, c’est vraiment
Quelque chose cet Il
WoluWe Brussels 2006
PIKA
Diçka shihet e të ik
Sysh
Të afrohet ka njëra anë
Dhe të largohet kah
Tjetra
Shndrit në mënyrë fosforike
Me gojën e zhurmshme
Heshtë
Të brendshmen nga e jashtmja
E krijon
Ajo i flet bukur tana gjuhët
Disi
Nuk shihet e të rri para sysh
Të hyn në fjalë
Dhe as mendjen s’ta le
Qetë
Është diçka
Shumë çka
WoluWe Bruksel gushtë 2006
APRÈS L'ARRIVÉE
Et le barde a répondu
Nous connaissons le destin
Des chansons épiques
En observant le crâne d’un mot
Nous entrons
Ensemble dans le vieux quartier
Avec le bouton d'un mot
Et nous arrachons
Les secrets de ce destin.
Nostalgie de mon moi disparu
D'ici à au-delà
Sera le jour marquant
Ma sortie du mot.
Paris 2007
PAS ARDHJES
Njeriu i vargut ia ktheu
Këngëve epike
Ua dimë fahun
Nga rrashta
E fjalës
Hyjmë
Bashkë në lagjen e vjetër
Me nga një kokë
Fjale
Dhe e varim në maje
Nostalgji për vetën qe shkoj
Këtu e tej
Do të jetë një ditë imja
Pse do të dal nga fjala
Paris 2007
CHRONIQUE
Là commence le silence couché
Comme à minuit samedi
Dimanche et parole donnée
Attendent à nous rencontrer
Hier tout s'était couché
Quelqu'un a subi l'amnésie
Ni le lyrique du chant, ni le son de l'instrument
Ne sont plus entendus au château-fort
Il fait un temps
De l'hiver le plus dur
Là débute la saison écoulée
Ce sont nos jours
L'écoulement du temps un lyrisme d'amour
Don de Dieu
On ne change pas de vers
Car la parole a du sang
Il s'est mis dans le jeu
Qu'on joue rarement
On joue et puis on vieillit bel et bien
Le 13 février 2004
UDHËPËRSHKRIM
Aty nis e perënduar heshtja
Si në gjysmë të natës e shtuna
E diela e fjala e dhënë
Presin me u pa me ne
Gjithçka perëndoj dje
Dikujt i ra harrimi
Lirika e këngës, as zëri i Lahutës
Nuk dëgjohet më në kullën e gurit
Moti bën
Si në më të madhin dimër
Aty nis e perënduar edhe stina
Këto janë ditët tona
Rrjedha e kohës lirikë dashurie
Dhunti e Zotit
Nuk ndërrohet vargu
Se ka gjak fjala
Ka hyrë në lojën
Që luhet rrallë
Luhet pastaj plakët bukur
13 shkurt 2004
TESTAMENT
Encore un peu
Quand je serai grand
Je me mettrai à chanter
Encore un tout petit peu
Que je m'habitue à t'aimer
Alors je te ferai don de vers lyriques
Au-delà de sept regards
Je saurai te voir
Et la voûte céleste, par le cri
Sera brisée
Alors
Je pourrai passer au vers
Suivant
TESTAMENT
Edhe pak
Sa të rritem
Do t’ia nis këngës
Veç edhe pak
Sa të mësohem të dua
Lirikës do t’ia fal vargun
Përtej shtatë shikimeve
Do të të shoh
Bërtima kupën e qiellit
Do ta thyejë
Atëherë
Mund të kalojë në vargun
Tjetër
A L'OMBRE DU SOUVENIR
Je t'avais dit quelque chose que j’avais oublié
Ce dont tu ne te souvenais pas non plus, demain
L'oubli deviendra de plus en plus ancien
Alors que le silence s'achemine
Sous l'arbre desséché par le soleil
Je t'attends
A la fin d’un vers
Suspendu au sommet de la nostalgie
Là on n'attend que la bien-aimée
Moi, je me suis assis pour me reposer
Mon automne s’est-il consumé,
Mon soleil s’est-il couché ?
Je tentais de te dire quelque chose
Juin 2004
NËN HIJEN E KUJTIMIT
Të kisha thënë diçka të harruar
Atë që s’të kujtohet as nesër
Harrimi bëhet gjithnjë e më I vjetër
Atëherë kur rrugëton heshtja
Te lisi I tharë prej diellit
Po të pres
Në radhë me vargun
E varur në cikol të mallit
Aty pritet vetëm e dashura
E unë u ula të pushoj
M’u shter vjeshta ose ra drita
Provova te të them diçka
Qershor, 2004
AUTREMENT
Avez-vous vu l'hiver de mars,
La pierre de cendre, la parole de chasse,
La tête et les yeux assombris par la nostalgie
Mon temps reste toujours une énigme
Je t'ai trouvée sans printemps !
Toute chose imprévue est-elle ainsi ?
Le dernier automne
Nous a laissés au bord d’une autre saison
L'été s'est écoulé sur son visage
Sa tempête portait un ciel plein de trous
Un autre temps s'impose
Ensuite le jour pourra changer.
NDRYSHE
A e patë dimrin e marsit
Gurin e hirit, fjalën e gjahut
Kokën dhe sytë vranëtuar prej mallit
Kohën time gjithnjë enigmë
Të papranverë të gjeta
A janë kështu gjithë pragmat
Vjeshta që shkoi
Na la në cep të stinës tjetër
Në fytyrën e saj ka perënduar vera
Duhia e saj ka qiell me shoje
Dhe moti tjetër merr
Pastaj dita do t’ ketë ndërruar
CHANT DE SOLITUDE
Je me suis endormi tôt hier soir
Et je n'ai pas rêvé de toi
Mais de tout ce que la nuit offre
Je t'aurais pardonné hier soir
La moindre chose
A toi
Je ne me rappelle pas si j'eus quelque part
Un mot
Ou bien je me perdis dans l'obscurité de ma nuit
Attention au rêve
Et à la longue nuit
Il enchaîna les lettres
Et rima pour faire des vers
Chantés
La chanson qu'on chante à la solitude
KËNGË VETMISË
Mbrëmë më zuri gjumi shpejt
Dhe nuk ëndërrova dot për ty.
Gjithçka që nata jep
Do ta kisha falur mbrëmë,
Edhe gjënë më të vogël
Vetëm ty.
Nuk më kujtohet nëse pata diku
Një fjalë
Apo kisha humbur në errësirën e natës sime.
Kujdes nga endrra
Dhe nata e gjatë.
Ajo bashkon germat
Dhe rimat për të krijuar vargje
Që këndohen
Kënga që i këndohet vetmisë.
SOUVENIR EN VERS
Là près du grand rocher
Tu ne me trouveras plus
Son ombre me remplace
Là sur l'herbe verte
Je ne m'y assois plus
Le souvenir y est resté seulement
Mon amie que tu étais forte
Tu disais : « Je ne pouvais pas passer
Sans te voir au moins une fois »
Des mois, des saisons et des années passèrent
Mon amie que tu étais forte
Ce vers doux, sauvage
La parole n'a plus de sang
On ne dit plus
Tout ce que nous avions ensemble
Un vers
Au sommet du temps qui s'évada
Le 25.07.2004, Ulpianë
KUJTESË NË VARGJE
Aty te guri i madh
Nuk më gjen më
Hija e tij më zëvendëson
Aty mbi barë të verdhë
Nuk ulem më
Ka mbetur vetëm kujtimi
Mike sa e fortë ishe
Thoshe s’mund të kaloj
Pa t’ parë bile një herë
E shkuan muaj, stinë e vite
Mike sa e fortë kishe qenë
Ai vargu I butë, i egër
Nuk ka më gjak fjala
S’thuhet më
Krejt çka kishim pasur bashkë
Një varg
Maje kohës që iku
25. 07. 2004, Ulpianë
A UN VERRE DU DESIR
Homme
Bois ce verre
Empli du vin rouge
Comme le désir
Bois ce vin capiteux
Jusqu'à la lie
Ne laisse pas
La moindre ligne
Etre écrite dans la solitude
Même
Sobre
Vous n’en êtes pas
Moins homme !
Automne 2006 Paris
PËR GOTWN E MERAKUT
Pije njeri
Gotën tënde
Verën e kuqe të merakut
Saj
Pije dehshim
Shtere
E mos ja le
Pikën
Vargut
Që shkruhet vetmishëw
As kështu
I pa dehur s’je
Vjeshtë 2006 Paris
10H10 A TIRANA
Ce soir l'automne peut s'engloutir dans la nuit,
La lune se reflète dans la fenêtre,
Mes meilleurs
Poèmes,
Je les écrirai pour toi, ma bien-aimée,
Aux cheveux auburn,
Ce soir.
Peut-être le sommeil te prendra-t-il,
Avant que 10h10 ne s’annonce,
Je joue du chalumeau
Et compose des vers,
Grande est la nuit au cœur du mot,
Et paisible
Ton visage m’apparaît alors,
Fille aux yeux d’or,
Comme dans les temps anciens
« J’ai jeté un regard du haut de la montagne ».
DHJETË E DHJETË NË TIRANË
Sonte mund të ngopet vjeshta natë
Hëna ra n’dritare
Më të mirat
Vargje
Do t’i shkruaj për ty
Sonte
Mike e zeshkët
Ndoshta t’ka zënë gjumi
Para se të bëhet
Dhjetë e dhjetë
Unë i bëj gajde vargut
Fjala ka natë boll
Dhe qetësi
Ora
Kapërceu njëmbëdhjetë
Qielli zbriti në vargje
Edhe yjet e rrallë
Më shfaqet fytyra jote
Syartë
Si në kohët e vjetra
“Prej një shpati ti lëshova sytë”
MERVEILLE
Nous étions étendus
Dans la plaine d’un mot,
Moi et les yeux d’azur
Qui m’obsèdent
Qu’il fasse beau,
Pluie ou soleil
Nous l’avons fait.
J’arriverai à trouver du temps
Pour moi,
Pour mon aimée,
Pour mes vers.
Merveille,
Je m’incline vers toi.
VAKI
U shtrimë
Në fushën e një fjale
Unë dhe sytë ngjyrë
Qielli
Që më rrinë gjithmonë
Përpara
Motit ja mbajtëm
Përmes
Shiut dhe diellit
Do të kem kohë
Për veten
Vajzën e vargun
Vaki
Të falem për mrekullinë tënde
UN PEU D’HISTOIRE
Un temps est venu
Aussi confus que joyeux,
Personne ne pouvait distinguer
Sa face blanche de sa face noire.
Nous ne nous y retrouvions pas,
Ce temps, nous ne pouvions
Ni le voir ni le rencontrer.
Ou l’avons-nous tout simplement raté ?
Nous étions rationnés
En toutes choses :
Un peu de peur,
Un peu d’audace,
Un peu de chagrin,
Un peu de joie,
Un peu du reste,
Juste un peu de tout.
Il essayait de nous convaincre
De ce que signifie le mot liberté,
De ses tenants et aboutissants,
Et il a finit par engendrer un diable :
L’optimisme !
Pour garder les choses en suspens,
Pour emprisonner le temps,
Il nous a teints en rouge
Puis s’en est allé.
Hélas, quoi qu’il en soit,
Il nous doit
Tout ce qui n’a jamais eu lieu.
June 2000, Peje Kosovo
PAK HISTORI
Erdhi një ditë një kohë
Sa e hutuar aq e gëzuar
Të bardhen as të zezën kush s’ja diti
Vetveten se gjenim
As se shihnim as se takonim
As mall s’kishim për të
Çdo gjë na epte nga pakë
Pak frikë
Pak guxim
Hidhërim e gëzim poashtu
Gjithçka nga pak
Të na bindte se çka është liria
E çka është çka
E shpiku një dreq të madh
Optimizmin
Ti mbaj pezull gjërat e veta
E ta mbaj ndërmend kohën
Na piku me të kuq e shkoj
Krejt atë që s’erdhi
Na mbet borxh
Qershor 2000, Pejë
L'ARRIVÉE
Ils l'ont vue sortir d’ici,
A cause de leur grande peur qui les tourmente,
Jour et nuit
Ils ont accompagné ses pas.
Ils ont pris avec elle
Tout ce qui devait advenir.
Car d'ici à l’ultime départ,
Ce qui est encore à venir
Nous attend.
ARDHJA
E përcollën deri këtu
Nga frika e madhe nga vetvetja
Dita e nata
E përcollën marshin e saj
Morën me të
Gjithë ç’ishte për ardhje
Qe këtu e në fund të shkuarjes
Na prêt një e paardhur
DÉFIANT LA MESURE DE MOT
Quelque part entre l’obscurité et la lumière,
Quelqu'un plaint le mot
Contraire au chant
Qui détruit tout dans les havres du rêve.
Quelque part ailleurs
Le poète et l’anti-mot
Dont il ne peut comparer la fondation
Avec la source de la fontaine.
On peut toujours passer devant assoiffé.
Le champ de combat du mot non exprimé
Reste stérile,
Pareil à un silence de mort,
Aveugle au jeu prévu.
SPROVË PËR MATJEN E FJALËS
Diku në mes territ e dritës
Dikujt i dhimbset fjala
Përball këngës
Ajo që prish krejt çka zë ëndrra
Diku tjetër
Poeti dhe kundërfjala
Që s’mund t’ia paraqet përmasat
Me katër
E të kroi akoma kalohet etur
Logu i fjalës së pathënë
Lëron fillin me tutje
Dhe hesht
Hesht
Pa e parë lojën me skenar
L’EMPREINTE DE NOS PAS SUR DU PARCHEMIN
Nul ne peut être sûr de mes rêves
Et de ton éveil,
Ô patrie!
Nul ne peut se fier
A notre vacarme,
A ton silence!
Je crains
Mon lendemain
Tout comme je crains
Ton surlendemain
GJURMËT TONA MBI PERGAMENË
Askush s'mund të jetë i sigurt për ëndrrat e mia
Dhe zgjimin tënd,
O Atdhe!
Askush s'mund t'i besojë,
Poteres sonë
Dhe heshtjes tënde!
Kam frikë
Për të nesërmen time
Siç kam frikë
Për të pasnesërmen tënde.
Traduction en français des poèmes de Jeton KELMENDI par Skender SHERIFI
APPRENDS- MOI A AIMER !
J’ai couru
Jour et nuit depuis des décennies
A travers ma vie
Je l’ai trop pris avec légèreté
Et souvent, elle m’a manipulé
Je l’ai compris bien tardivement
Mais je m’y fais avec le temps !
A présent
Je me suis rappelé d’une chose
Et je me mets à l’épreuve
J’ai juste un service à te demander
Ô Amour
Enseigne-moi l’Art d’aimer !
Car il n’est jamais trop tard d’apprendre
Selon les dires des sages
Mais je ne crois plus en eux.
Je crois en toi comme l’enfant croit aux contes
Enseigne-moi
Comment aimer
Et non pas comment tomber amoureux !
Ma mère m’a appris jadis à marcher
Hélas, toute ma vie j’ai couru Dieu sait où.
Couru jusqu’à devenir grand
Couru jusqu’à revenir des forêts
Aie … Que de chemins parcourus
Pour parvenir jusqu’à toi, ce soir !
Enseigne-moi
A présent, enseigne-moi sincèrement
Comment et jusqu’où aimer.
Il est à la mode
De suivre sa seule idée à la lettre
Et de cligner des yeux
Un peu ici.
Pendant qu’on se tait
D’autres noircissent tellement
Le chemin de l’existence.
Respirer un peu plus,
Respirer les fleurs
De l’Humanité féminine
Respirer
Totalement et sans entraves …
Ô Amour,
Enseigne-moi quand il faut aimer.
Tout le monde est debout à présent
Chacun mesure les choses à sa façon
Chacun se rend compte
De l’importance de la brièveté de la vie
Mais il y a beaucoup qui se taisent là-dessus.
Seuls les Primitifs savaient aimer
Mais le temps les a vite écrasés.
Aimer, disent-ils, c’est comme se saouler au raki,
Diable, combien d’autres choses ils disent !...
Ô Amour,
Enseigne-moi pourquoi aimer.
Dashuri mësomë si me dashtë
Kam vrapuar
Ditë e natë neper vite e dekada
Jetës sime
Dhe luajtur kam bukur shume me të
E shpesh hile m’ ka bërë
Krejt vonë diku
E kam marr vesh po nejse ma
Henes
Tash më ka ra ndërmend diçka
E unë po matem me vetën
Kam veç një gjë me tu drejtua
Dashuri
Mësomë si me dashtë
Se mendja ma merr nuk a vonë
Vonë s’ është kurrë
Thonë
Po unë nuk i besoj ma kësaj
Të besoj ty si fëmija përrallës
Mësomë
Ama
Si me dashtë
Jo m’ u dashuruar
Edhe nëna
Më pat mësuar si me ec
Po krejt jeta m’ shkoj vrap
Vrap
Njëherë dej u rrita
Vrap
Me u kthye prej maleve
Aiii
Sa rruga deri të ti sonte
Mësomë
Tash pa hile dashuri
Sa me dashtë
Në modë është
Me marrë njëfarë tisi të hollë
Të mendimi
E sytë me i sjell rrotull
Diku pak
E diku më shumë
Me u marrë erë luleve të njerëzimit
Femër
Krejtësisht pa kurrfarë orarit
Dashuri
Mësomë kur me dashtë
Tanë janë çuar në këmbë
Secili
Sipas kutit të vet mat
Rëndësinë e kohës së rrugëshkurtës
Derisa disa nuk flasin të tjerë thonë
Ç’ është një e zezë
Duan veç ata që janë primitiv e koha
I ka shkel
Me dashtë a si mu deh me raki
E çka tjetër s’ thonë
Dashuri
Mësomë pse me dashtë
TU ES VENUE SUR LES TRACES DU VENT
Jusqu’à quand ton corps silencieux
Restera-t-il dans l’ombre ?
Tu es venue sur les traces du vent
Reine anonyme
Jusqu’à quand resterons-nous dans ces plaines
Remplies de vide ?
Nous nous sommes rencontrés par hasard
Comme attirés par les Pôles contraires
Jusqu’à quand devons-nous taire
Ce que nous ignorons ?
Une pensée est venue, puis s’en est allée
Une pensée a pris la place de mes mots.
Auderghem (Bruxelles) 9 mars 2007
ERDHE PЁR GJURMЁ TЁ ERЁS
Deri kur nën hije
Trupi i heshtjes sate
Erdhe pёr gjurmё tё erёs
Mbretёreshё e askujt
Deri kur nё fushat
Plot me asgjё
Jemi takuar rastёsisht
Gjithçka shkoi poleve tё kundёrta
Deri kur t’ia fshehim vetvetes
Atё qё nuk e dimё
Erdhi e shkoi njё mendim
Nё vend tё fjalёs
Audergham, 9 mars 2007
LA BEAUTE DES BEAUTES
Qui porte la beauté
Aussi bien que ma Dulcinée ?
Dans ses yeux d’été
Coule l’amour libéré !
Quelle incroyable beauté
Le poème magique de ma Dulcinée !
Ô suprême Beauté !
BUKURIA E BUKURIVE
Kujt si vashës
I rri mirë bukuria
Në sytë e saj
Dashuri lirie gurron
Ç’bukuri e vashës
Ç’bukuri e vargut
Lum kjo bukuri
LES YEUX DE LA NUIT FONT DES ECLAIRS
Ce soir
Ma main ne t’atteindra pas
Ni même mes yeux
Si loin je suis de ta ville
Oh ma Reine !
Quelque chose de Toi vibre en Moi
Suis-je possédé par un Esprit étranger ?
Les yeux de la Nuit font des éclairs
Ils illuminent le ciel et la pensée
Nuit sans fin
Il n’y a aucun point de chute
Au Royaume de la Nuit enceinte
Même l’ombre de ma main ne peut t’effleurer
Quelle incroyable Nuit sans ma Reine !
SYTË E NATËS PO VETËTOJNË
Sonte
Nuk të mbërrin dora ime
As sytë nuk mbërrinë
As afër qytetit tënd
Mbretëreshë
Ke diçka brenda meje
Ose më ka zënë orë e ligë
Sytë e natës po vetëtojnë
Qiellin e mendimit po e zbardhin
Deri mbi ty
S’ka mbërritje
Në mbretërinë e natës
Barsë
Nuk të takojnë hijet e dorëzgjatjes
Mbrëmja e sotme pa mbretëreshë
TOUT COMMENCEMENT EST SILENCIEUX title = TOUT COMMENCEMENT EST SILENCE
Prends tout ce dont tu as besoin
Et tu seras guidé vers le droit chemin
Le vent emporte tout sur tes pas …
Sur la route vers toi-même
Ton double ne peut revenir
Pas après pas
On croirait vivre une fuite
Au cœur tu temps
Passent les automnes
Tout commencement est silencieux
Le passé se referme telle la solitude
Qui sait
Si au début … était la Fin ou le Commencement ?
SA E HESHTUR ËSHTË NISJA
Merr me vete tё sajat
Se ia mёsojnё rrugët
Krejt fijet si era i frynё
Sikur nuk ёshtё duke ardhur
Hap pas hapit
Si tё ishte maje ikjes
Te koka e saj
Kapёrcejnë vjeshtat
Sa e heshtur është nisja
E shkuarja mbyllet si vetmia
Kush e di se
Para ёshtё ardhja ose shkuarja
L’OS DE L’OMBRE
Combien de journées ont passé sur cette ombre
Et tu ne m’es jamais apparue
Tu ne t’es jamais posée
Sur la colline
Nuit du harem magique …
On m’a apporté le rouge de Picasso
Et une ombre de statue
Telle je t’avais rêvé
La toute première fois
Pourquoi ne s’est-on plus revu ?
Ton visage est le mien
Il s’est évaporé sous mes fiévreuses passions
Années après années …
Mes turbulents tourments abattent un Arbre
Aussi vieux que mes mots
Pourquoi n’es-tu jamais venue
Dans mon autre moitié ?
Lorsque tu atteindras l’hiver de ta chevelure
Gardes pour moi le printemps de ton cœur
Et l’os de l’ombre !
Lorsque tu es partie
Tu m’as laissé cet os pour nourrir mes vers
Pourquoi ne fûmes-nous jamais dressés face à face ?
Tu es entrée entièrement dans ma poésie
D’où tu ne sortiras plus jamais
ASHTI I HIJES
Sa ditё i ranё kaptinës
Si s’u duke
Njёherё kah shpati
Natёn e madhe tё haremit
Ma sollën tё kuqen e pikturës sё Pikasos
Dhe njё hije statuje
Krejt si ti kur tё pata ёndёrruar
Sё pari herë
Si s’u pamё mё parё
Fytyra jote imja
M’u dremit nga frymët e ndёrkyera
Mot mё mot
Ma rrёzojnё nga njё lis
Moc me fjalёn time
Si nuk erdhe mё
Nё gjysmёn tjetër timen
Kur ta marrin dimrin e flokut
Ma ruaj pranverën e zemrës
Dhe ashtin e hijes
Qё kur shkoje
Ma lije pёr drekё vargun
Si s’u vumë përball
Princeshё
Ke hyrё nё poezinë time
Nga nuk dilet mё
PRENDS UN PEU DE TON CIEL !
Prends un peu de ton ciel
D’aujourd’hui
Nous voilà dénudés
Je ne pense pas que je puisse voir
D’autres territoires
Sans ton ciel et le mien
Qui demeure au-dessus de nos têtes
Calme-toi, mon Amour !
J’arracherai le ciel
Du souffle de mon extase
Je transformerai mes mots en oiseaux
Leurs pépiements nous réveilleront
MERRE PAK QIELL TËNDIN
Merre pak qiell tëndin
Të ditës së sotme
Na mbet pa mbuluar lëkura
Nuk ma merr mendja t’i shoh
Vendet e tjera
Pa qiellin Tënd e Timin
Të na rrijë përmbi
Qetësohu e dashur
Qiellin do ta nxjerr
Nga fryma ime e epshit
Do ta bëj fjalën zog
Cicërima nga gjumi do të zgjojë
Tiranë,4 prill 2005
REVIENS SUR TES TRACES !
Je me suis engagé dans mes pensées
Sans savoir où j’allais.
Le silence et le rêve ne mènent à rien
Garde tes souvenirs
Emporte tes voyages
Ainsi que tes idées …
Reviens sur les traces
Par lesquelles tu es venue
Et tu t’en allée
Saisis la soirée du mardi
Et amène-la-moi
Qu’on puisse la juger ensemble …
Ainsi que la lueur de la lune qui nous a blanchis
Reprends toutes les choses sous la clé de mes yeux
Enferme-les
Qu’on les marque d’un petit signe
Que les ruines de la pensée
Deviennent le musée du souvenir !
Enferme-les toutes afin que l’oubli ne les emporte
Enferme-les toutes,
Sauf Toi et Moi !
MERRI ME VETE GJURMËT
I rashë tërthorazi mendimit dhe vajta
Pa ditur ku dilet
Heshtja dhe ëndrra kurrë s’bëjnë punë
Ruaji kujtimet
Rrugëtimet merri me vete
Si mendimet
Merri me vete gjurmët, nëpër të cilat
Erdhe e shkove
Merre atë natën e martë, sille tek unë
Ta gjykojmë
Edhe atë dritën e Hënës lazdrake që na pati thinjur
Të gjitha merri, nën çadrën e syve të mi
Ndryj
T’u japim një shenjë pa emër
Gërmadhat e mendimit të na bëhen muze kujtimi
Mbylli të gjitha të mos i zërë harrimi
Mbylli të gjitha, pos meje, pos teje
FONTAINES ET PLUIES PERDENT LEUR FORCE
Mais où ont-ils emmené
Mon lendemain
Et mon ombre d’hier ?
Les rêves et les réalités
Dansent près de la pierre invisible
Sous la cascade du temps
Pluies et fontaines perdent leur force
Leurs eaux ne se hâtent plus vers nous
Nous avons dérobé le ciel
De l’automne
Et asphyxié l’hiver
On peut dire que mon aujourd’hui
Ne se transformera pas en lendemain
JANË LODHUR RESHJE E KROJE
Kah do të ma kenë nisur
Ditën e nesërme
Kah hijen e djeshme
Te guri i padukshëm
Vallëzojnë ëndrra
E zhgjëndrra
Në ujëvarën e moteve
Janë lodhur reshje e kroje
Nuk u rrjedhet më kah ne
Vjeshtës ia morën
Qiellin
E dimrit frymën ia zunë
Thuajse e sotmja ime s’ka mbetur
Të nusërojë
LE JOUR SAINT PAMI TOUS
J’entrevois, depuis tant d’années, un jour
Dont la puissance nourrira la liberté en ARBËRIE*
Et donnera de la joie même aux pierres
Lumière calcinée par la lune
J’imagine un jour éblouissant
Sa puissance ressuscitera les Héros
Un jour viendra, un jour que je verserai
Dans les ténèbres afin qu’elles deviennent lumière
La terre perdra ses rides
Durant cette longue attente
Sont tombés les Héros
Viendra une époque toute neuve,
Plus noble et plus lumineuse
Que le siècle des grandes promesses …
Mois et saisons ont-ils perdu raison
Pour que fleurissent tant de beaux vers ?
Jour saint parmi tous,
Je me dois de t’attendre,
Ô jour sublime !
* ARBËRIE : autre appellation de la Grande Albanie
SHËN KOHA JONË
E shoh një ditë prej dite prej motit
Arbëri, fuqi e saj tatëpjetë lirinë
Na sjell gëzimin gurëve si shirat
Prej dritës së djegur nga hëna
E shoh një ditë që vjen më e bardhë
Nga duhia e saj ngjallen heronjtë
Do të vijë ajo ditë që ia dredh territ e zbardhet
E dheut i zihen rrudhat
Në pritje të saj përherë ranë dëshmorët
Do të vijë një kohë e bardhë më e re
Se shekulli i premtimeve
Mos janë çmendur muajt dhe stinët
Të na vargun fjalën
Shën koha jonë
Më bën ta pres atë ditë
SOUS L’OMBRE DES ARBRES A DUKAJ*
A l’ombre
De la forêt, oui, à l’ombre douce,
Je voudrais toucher la chevelure de la Fée
Là, sous le feuillage parfumé et piquant
L’été, au mois d’août,
Peut-être trouverais-je un cheveu
Collé à la résine d’un sapin ?
Sur l’herbe foulée
Par l’oisiveté des jeunes filles
Je voudrais revoir le Vieil Homme
Qui m’a conté tant d’histoires
Pendant mon enfance
Peut-être se repose-t-il
A l’ombre
De l’autre coté du rocher de « Nik Duka »
Il me dira : « Comme tu as grandi,
Tu es devenu à présent un Homme ! »
Mais ta voix
N’effacera pas ma mélancolie
Sur la tombe du vieux Ramci
On a endommagé toutes les clôtures
Ici ne demeure que le Ruisseau des vaches
Et l’herbe nouvelle remplace l’herbe pourrie
Du côté de la forêt de Hartina
Depuis longtemps on n’a pas entendu
Le chant du coucou
Peut-être est-il triste
Le berger ne joue plus de la flûte
Elles sont devenues sourdes les cordes
De la mélodieuse lahuta du Père Martin
Sa maison est tombée en ruines
Et les pierres de l’école où nous avons étudié
Sont recouvertes d’herbes folles
Des gémissements lourds
Trahissent la douleur des anciens murs.
*Dukaj : village touristique dans la partie Est de Kosovo
TE MRIZET E DUKAJVE
Te mrizet
Kur ka hije mali
Dua t’ia prek flokun zanës
Aty i ndihet era gjethit
Halor
Verës prej gushtit
Ndoshta ka mbetur ndonjë fije floku
E ngjitur në rrëshirën e pishave
Dhe bari i shkelur
Prej kotësisë së çupave
Dua të shoh plakun
E përrallave që na i mësonte
Fëmijërisë
Te mrizet
Përtej Gurit të Nikë Dukës
Ndoshta aty është duke pushuar
Do të më thotë sa qenkam rritur
Burrë qenkam bërë
Po zëri yt
Mallin s’po ma shuan
Te varri i Ramçit janë prishur
Krejt gardhiqet
Veç Shehu i Love ka mbetur She
Bari e zë barin e kalbet
Në anë të Hartinës, thonë,
Moti s’është dëgjuar qyqja duke kënduar
Mund të jetë mërzitur
Bariu nuk i bie më fyellit
Është shurdhuar
Lahuta e babës Hysë
E kulla është bërë rrafsh me tokë
Edhe gurët e shkollës ku kemi mësuar
I ka mbuluar bari
E psherëtijnë
Nga dhembja e muranave
INSINUATION
Si je deviens vieux
Sans avoir écrit quelques vers d’amour
Les gens diront :
« Ce vieux est solide comme une pierre ! »
« Solide comme une pierre », diront-ils
Si je deviens vieux
Sans chanter des chansons d’amour
Dans le feu du silence
Je me consumerai
Amour
Vers et Beauté coulent ensemble comme un fleuve
Pour Toi et pour notre Patrie
INSINUATË
N’u plakesha
Pa shkruar edhe ca vargje dashurie
Plak prej guri quamëni
Fortësi guri do të thonë kishte
N’u plakesha
Pa kënduar këngë dashurie
Në zjarrin e heshtjes
Zjarr bëj
Dashuri
Bukuria e vargjet bashkë rrjedhin
Për ty e atdheun
NUDITE
Je n’échangerai ma langue
Avec personne
Excepté avec toi, ce soir
Une heure
Deux
Trois
Jusqu’à pouvoir toucher le fond du mot
Je te dirai tout
Nu
Comme lors du premier baiser
Tu apparais si glacée à mes yeux
Et si enflammée es tu en-dedans
Nue
Je ne t’échangerai
Avec personne
NUDO
Me askënd s’do ta ndërroja
Gjuhën
Sonte me ty po
Një orë
Dy
Tri
Sa ta preki fundin e fjalës
Të gjitha do t’i thoja
Nudo
Ashtu se puthjen e parë
Më je e akullt në sy
Zjarr brendi
Nudo
Me askënd s’do të ndërroja
ECHO
Prends un peu de ton ciel
D’aujourd’hui
Personne encore n’a recouvert notre peau
Je ne pense pas que je puisse voir
Les deux pôles
Sans que ton ciel ou le mien
Soient par-dessus nos têtes
Repose-toi, ma bien- aimée
Je t’offrirai un brin de ciel du fond de ma respiration
Je transformerai mes mots en oiseaux
Leurs chants enivrants te réveilleront
Tirana, le 4 avril 2005
USHTIMA
Merre pak qiell tëndin
Të tatës së sotme
Na mbet pa mbuluar lëkura
S’ma merr mendja ti shoh
Polet e tjera
Pa qiellin Tënd e Timin
Të na rri përmbi
Pusho e dashur
Qiellin nga fryma do ta nxjerr
Do ta bëj fjalën zog
Cicërima nga gjumi do të zgjoj
Tiranë 04 prill 2005
UN PEU PLUS TARD
Tu viendras
Au rocher de la Parole
Pour toi, je viendrai
J’attendrai encore longtemps
Tous les départs
Et les arrivées
Ensuite, je partirai
PAK ME VONË
Do të më dalë
Te guri i fjalës
Për ty do të dal edhe unë
Do t’i pres gjatë
Krejt shkuarjet
Krejt ardhjet
Atëherë do të nisem
LA BRUNE
Je fus pour cette brune
Une expérience peu commune
Rien que de son ombre
Poussent les herbes
Les discussions avec ma brune deviennent des hymnes
Chantés à la gloire de l’amour
Au coin de mon regard, je vois ses yeux bleus
Posés au bord de ma pensée, je deviens silencieux
Et dès le lendemain
Il n’y a que moi qui lui manque !
ZESHKANËS
Zeshkania është
Udhëtimi i parë
Veç prej hijes së saj
Nis të dalë barë
Fjalët me zeshkanen janë hymn
Kënduar rrugëtimit për dashuri
Bri shikimit sytë e saj të kaltër
I vë në cep të mendimit e pushoj
Të nesërmen asaj
Veç unë i mungoj
SON RÊVE
Elle est venue et a enlevé les quatre dimensions de ma vue
La Demoiselle qui nourrit mon vers
M’a posé un vrai dilemme :
Etait-elle la Poésie
Ou mes mots furent-ils cette Demoiselle ?
Reine aux pensées changeantes,
Même le rocher savait cette vérité,
Jusqu’à ce que mon Soleil
Illuminât son Visage
Elle a cherché la voix de mon cœur
Cette année-là me fut désastreuse
Et cependant, elle m’aime encore
Et mon vers brûle de plus en plus fort
ËNDRRA E SAJ
Erdh e mori krejt pamjet me katër
Ajo zonjusha bukë vargu
Dhe ma la një dilemë
Është vetë poezia
Apo fjala është zonjusha
Mbretëreshë që ndryshon kuptim
E din edhe guri
Deri sa ja zbardh fytyrën
Dielli im
Ma kërkon zërin e zemrës
M’i ka marrë mot motmotit
Edhe të tillë më donë
Gjithsesi vargu ka zjarrmi
LETTRES
Demain, qui allons-nous appeler ?
Quel vent a emporté les lettres de l’alphabet
Et dire, qu’aucun des messagers que je voulais écrire
N’est resté !
Les messages, ils sont devenus si rares !
Cela fait des jours
Qu’un oiseau noir
Se prépare à venir
Une de ses ailes pourrait couvrir la moitié du ciel
Qui héritera de l’autre moitié ?
Je me vois serein
Sur la paume de ma main
Dis-moi
Qui allons-nous appeler demain ?
LETRAT
Nesër kujt t’i thërrasim
Nga i ka nisur fryma letrat
Nuk u gjet një më e shkruar
Se tjetra
Sa fort janë rralluar
Ka ditë
Që po pret me ardhë
Një zog i zi
Me njërin krah ta zë gjysmën e qiellit
Kujt i bie ana tjetër
Në shuplakë të dorës
Shikon veten
A thua
Kujt t’i thërrasim nesër
QUELQUE PART A L’EXTERIEUR
L’égo d’une personne
Ou une démonstration gigantesque
J’ai décidé
Comme on dit
De traverser
D’un seul coup
Les longues routes
Jusqu’à la porte
De ton âme
Et toi, si tu le souhaites
Fais-moi la fête !
Si je sombre dans la chaleur
De ton été
Ouvre un peu la fenêtre de ton cœur
Et laisse entrer la fraîcheur
Des mots
Si tu le veux
Fais de la sorte
Que je me sente bien
Et pas seulement pour que j’y abrite ma tête
Dans le miroir de tes yeux
Je me sens tel une étoile dans le ciel
De tes pensées
Peut-être
Qu’il arrivera
Que l’air comme on dit
Passe par le trou de l’aiguille
Si tu le souhaites ferme la porte
De ton âme
Ecris mon nom avec des lettres rouges
Et pose-le au seuil de la porte
De ton âme
Alors chacun saura que cette forteresse
A son seigneur.
DIKU JASHTË
Egoja e shpirtit të një personazhi
Ose përformanc përmasash gjigante
Kam vendosur
Siç thuhet
Me një mendje
M’ e i kapërcye rrugët e gjata
Deri tek porta e shpirtit
Tënd
E ti po deshe më bëj
Konak
Nëse më zë vapa e verës
Sate të nxehtë
Hape pak dritaren e zemrës
Të hyj pak freski
Fjale
Po deshe t’ më bësh vend
Bëj
Të jem pak komod
Jo veç
Sa për t’ strehuar kokën
Në pasqyrën e syve
Më bëhet se jam yll i qiellit
Të mendimeve tua
Ndoshta
Ndodh që siç thonë
Fryma
Hyn për vesh t’ gjilpërës
Nëse ta merr mendja mbylle portën
E shpirtit
Me shkronja të kuqe shkruaj
Emrin tim dhe vendose në derën
E shpirtit tënd
Atëherë dihet se ajo kullë
Ka një zot shtëpie
ELLE VECUT AU-DELA D’ELLE-MÊME
A présent, arrivée à son vrai moi
Elle vit avec les anges
(Mère Théresa)
Que d’années se sont passées
Depuis son grand départ
Elle vécut un vrai miracle, au-delà d’elle-même, l’Albanika*
Avec deux âmes
L’une pour Dieu, l’autre pour l’Humanité
Elle était un peu Gonxhe, un peu Calcutta
Surtout Albanika et encore plus Lumière
Pour l’Humanité entière
Elle pria jusqu’à devenir
Elle-même Prière
Illyrika
Notre Mère Théresa
En 1978 la Paix épousa son Nom
Cette année-là, ô Mère,
Je vins moi-même en ce monde
A présent
Lorsque j’ai besoin d’un brin de fierté
Je vais à Kruje chez les Kastriotes
Et j’appelle Georges
Lorsque j’ai besoin d’une étoile
De l’Univers
Je cours vers la Colline du Soleil
Et j’appelle Rugova
Ô notre Mère Théresa,
Avec tes Prières, je me suis couché
Et réveillé
Dardane,
Tous les Anges qui vivent aux cieux
Ont souri en apprenant ta venue parmi eux
Ô toi, tellement géante
Combien d’années se sont passé
Et ta Patrie s’apprête
A vivre une nouvelle destinée
Albanika,
Continue à prier pour l’Humanité
Pour tes orphelins
Et pour ta terre si sacrée
Qu’on nomme
ILLYRIE
Que d’années se sont passé
Depuis ton départ
Ici, viennent d’autres temps,
Gonxhe,
« Une pierre m’a fait connaître tes paroles »
J’ai étudié à Shkrel
Et j’ai même un Palais de Rêves quelque part
Dit Kadaré
Et à présent
Bénies les traces de pas à Prekaz
Et à Glloxhan*
Ah, ces réalités horribles que nous vîmes de nos yeux
Notre Père qui êtes aux cieux
Jetez sur nous un regard bienveillant !
Dis encore un mot
En albanais
Que Dieu bénisse l’Arberie !
Allume une bougie qui nous éclaire,
Illyrienne,
Tu es la première de toutes
Chacun le sait
Ô Mère, tu es la Lumière
Le départ n’est aimé
Par personne
Mais lorsqu’on s’en va comme toi, ô Mère,
C’est un départ miraculeux
Même Jésus connaissait les Albanais
Hélas, nous connûmes des temps difficiles
Ah, que faire contre l’acharnement du sort ?
Nous héritâmes des drôles de voisins…
Tu as vécu au-delà de toi-même
Et à présent tu vis en toi-même
Eternellement
Parmi les anges
Notre proche avenir
Offre-le-nous dès à présent
Prie, ô Mère, encore une fois
Car ce mois de décembre m’a effrayé
Et j’ignore ce que voient mes yeux
J’ai l’impression que le grand froid de la Dardanie
A retardé l’apparition du printemps
Dardanika,
N’oublie pas les quatre parties
Séparées de notre pâtrie
Mère, tu es notre nom de tous, le nom qui fait briller tout
Sur terre et dans les cieux !
Notes :
Albanika : Albanaise
Gonxhe : le prénom de baptême de Mère Théresa
Illyrika : Illyrienne, de Illyrie, l’ancien nom de l’Albanie
Kruje : ville en Albanie, lieu de naissance du grand héros national albanais Georges Castriote, dit Skanderbeg, c’est-à-dire Alexandre, surnom que lui donnèrent les Turcs. Illibéra une grande partie des Balkans de l’occupation ottomane
Kastriot ou Castriote: nom de famille de Skanderbeg
Rugova : le premier président de Kosovo libre
Dardane : la Dardanienne, de Dardanie, l’ancien nom de Kossovo
Shkrel : nom d’un village où est né le célèbre écrivain Azem Shkreli
Prekaz et Glloxhan : deux villages qui ont donné naissance à un grand nombre de héros morts pour la liberté de Kosovo lors de la guerre qui opposa ce pays à la Serbie
Arberie : autre nom de l’Albanie
PËRTEJ VETEVETES JETONTE
Tani ka ardhur tek vetvetja dhe jeton me engjëjt
(Nënës Terezë)
Jeton Kelmendi
Sa vjet kaluan
Nga një shkuarje e madhe
Përtej vetes jetonte një mrekulli Albanika
Me dy shpirtra
Njërin për zotin tjetrin për njerëzimin
Ishte pak Gonxhe pak Kalkutë
Më shumë Albanika e më shumë dritë
Njerëzimit
Lutej dhe bëhej vet
Lutja
Ilirika
Nëna jonë Terezë
Me 1978 paça të ra në emër
At vjet nëno
Unë erdha në ketë botë
Tash
Kur më duhet krenaria
Shkoj në Krujë të kastriotët
E i thërras Gjergjit
Kur më duhet një yll
Universi
Dal në Kodër të Diellit
I bëj zë Rugovës
Nëna jonë Terezë
Me lutjen tënde kam rënë e jam
Zgjuar
Dardan
Engjëjt që jetojnë në qiell
Buzëqeshën dhe pritën
Shkuarjen tënde
Të madhe
Sa vjet u bënë
Dhe atdheu po bëhet gati
Për një ditë tjetër
Albanika
Vazhdo lutu për njerëzimin
Jetimet tu
Për tokën e shtrenjtë
Që i thonë
ILIRI
Kaluan sa mote
Që shkove
Këndej po vijnë do tjerë
Gonxhe
“E di një fjalë prej guri”
E mësova n’ Shkrel
Edhe një pallat ëndrrash e kam diku
Tha Kadare
E tash
Bekoj edhe gjurmët e Prekazit
E të Glloxhanit
Ato zhgjëndrra i pamë me sy
Ati ynë në qiell
Na shikon me simpati
Thuaje edhe një fjalë
Shqip
Zoti e bekoftë Arbërinë
Ndeze një kandil ndriçues
Ilirikase
Kjo është e para
Çdo kush e din
Nënë ti je vet drita
Shkuarja nuk është e lakmueshme
Për kurrkënd
Veç kur shkohet si ti nënë
Është shkuarje e mrekullueshme
Edhe Jezusi dinte për albanët
Po moti i keq na pat marrë
E çka ti bësh fatit zi
Fqinjët na qëlluan të tillë
Përtej vetës ke jetuar
Dhe tani ke ardhur po jeton në vetveten
Përjetësi
Bashkë me engjëjt
Të ardhmen tonë të nesërme
Sjellna sot
Lutu bre Nënë edhe një herë
Se dhjetori m’ ka frikësuar
E nuk di çka po më shohin sytë
Më bëhet se të ftohtit të Dardanisë
Po i vonohet pranvera
Dardanika
Mos harro edhe katër pjesë
T’ ndara
Nënë ti je emri ynë që shndrit në qiell
E tokë
Fillim dhjetor 2007, Bruksel
A LA PREMIERE PERSONNE
Appelez-le
Qu’il vienne lui-même avec
Vous
Quand vous partez
Partez ensemble
Ensemble vous y arriverez
NË VETËN E PARË
Thirreni
Vetën të vije me ju
Kur niseni
Nisuni bashkë
Bashkë do të mbërrini
Là-bas tout commence du début
(A l'ancienne ville d'Ulpiane *)
Là-bas tout commence du début
Les nuits
Se referment amèrement
Sur les ruines en larmes
Comme incarcérées dans le noir.
Ses mots anciens je les sens
Avec le feu sous les cendres
Ravivé dans les pupilles
D’Ulpiane
Soif
Qui secoue la canicule de la journée
* Ulpiana a été fondée par l’empereur Trajan dans ce qui constituait alors la province de Mésie supérieure, actuellement un quartier de Prishtina.
ATY NIS GJITHÇKA NGA E PARA
(Qytetit të vjetër të Ulpianës)
Aty nis gjithçka nga e para
Netët
Mbyllen hidhërueshëm
Në gërmadhat e përlotura
Si në terrin e burgut
Fjalët e saj të vjetra I ndiej
Me zjarrin e hirit
Të ngjallura në bebëza
Ulpianë
Etje
Që tund vapën e ditës
COMMENT ALLER VERS SOI-MÊME
Je traverse des pays -
Plaines, forêts et mers
Tout ce que le monde
Englobe
Promeneur en compagnie des jours et des nuits
Mon Ami
J’ai promené les minutes de ma vie
Jusqu’à ce que je Te rencontre
Hé …
Que fais-Tu ici ?
Chaque fois que je me promène
En moi-même
C’est Toi que je rencontre
A chaque carrefour
Il y a un signe de Toi
Comme un feu vert
Qui m’appartient
Tes yeux illuminent mon ciel
Qu’elle semble longue
Ma promenade
Le long de cette route
Que seul je foule des pieds
Je marche à toute allure
En m’orientant
A Tes signes
Hé …
Ô sublime Créature !
Quelle heure est-il ?
Quelle date sommes-nous ?
Je ne me rappelle que du mois…
Mais cette année
Sera pour moi, la bonne année …
Lorsque je parcourais
La Via Egnatia
J’ai vu deux femmes assises sur l’herbe
Qui m’attendaient …
L’une m’apparut telle le Soleil
L’autre telle la Lune
Je me suis approché
D’elles
Et je me suis aperçu
Que la première Dame,
C’était Toi,
La seconde,
La déesse de l’Amour …
Ô guide de mes émotions et de mes sens
Nous avons discuté de long en large
De tout
Et de rien
Nous avons vidé ensemble
Des fontaines de mots
Et j’ai fini par me dire :
Il s’agit certainement
D’un pays merveilleux !
Et j’ai tenté de revenir en arrière
Pour aller enfin vers moi-même
Parmi tous ces Signes, je me suis orienté
Quelque part au milieu du chemin
De retour
M’est apparue une Fée des forêts,
Apeuré, je me suis approché d’elle
En douceur…
Je l’ai suppliée
De ne pas m’ensorceler en lui disant
Que je n’étais qu’un promeneur
Qui s’en allait vers lui-même !
D’un sourire doux et radieux
Elle m’a béni pour toujours
Sur terre
Et dans les cieux.
Sa voix m’a semblé bien familière
Hé … quel miracle !
Même ici, c’est Toi qui m’apparaissais !
Mais n’était-ce pas un peu tard ?
A présent, je poursuis ma route
Et demain, qui sait … j’arriverai
Quelle personne
Ait pu voyager si loin ?
J’interrogeais le Poète que j’étais
Pendant que je la regardais
Elle est disparue
A la première aube
Je suis arrivé
A la porte de mon Âme
Deux rayons m’y attendaient
Hé … belle Créature !
Nos chemins se sont croisés à nouveau
Enfin Toi et Moi ensemble, ô ma belle Dame !
Là … je dois accepter
Que Toi, tu vis en Moi
Oui, Tu es mon Moi !
Quel long chemin parcouru
Pour arriver finalement à soi !
Paris le 2 8 mars
Si shkohet për të vet vetja
Kapërcej shtete
Fusha e male e dete
Krejt më çka ka
Bota
Rrugëtarë i shoqëruara nga ditë e netë
Mikesha
I shëtis minutat në jetën time
Deri të takoj ty
Hej
Ç’bën këtu
Sa here shëtisë brenda
Vetvetes
Të takoj ty
Tek secili udhëkryq
Nga një shenjë jotja
Nga një dritë e gjelbër
E imja
Në qiell m’ shndrisin sytë tu
Sa i gjatë
Udhëtimi im
Nëpër këto udhë
Që vetëm unë i shkeli
I kapërcej me shpejtësi
Duke u orientuar
Me shenjat tua
Hej
Ti njeri i çuditshëm
Sa është ora
Çfarë date është sot
Muajin e di
Viti
Është i viti i mbarë
Kur kalova vijën
EGNATIA
Dy zonja ulur në barë
Më prisnin
Njëra më shfaqej
Si Dielli
Tjetra si Hënë
Kur mbërrita pranë
Tyre
Serish ti ishe
Zonja e parë
E dyta
Dashuria
Timonierja e brendësive
Biseduam gjerë e gjatë
Për gjërat
Dhe as asgjëtë
Sa shumë i zbrazëm
Krojet e fjalëve
Sa thash me vete
Këto janë me siguri
Një botë magjike
Dhe u nisa të kthehem prapë
Te vetë- vetja
Nëpër ato shenja duke u orientuar
Diku në mes të rrugës
Kthimit
M’ përftoj një Zanë Mali
I frikësuar tek po afroheshim
Njëri tjetrit
E luta
Mos m’ shito
Rrugëtar jam
E po kthehem tek vetja
Butë bëzani
Dhe m’ bekoj prej toke
E në qiell
Po si zë i njofshëm m’u duk
Hej mrekulli
A edhe këtu më dole a
Është vonë
Tani po vazhdoj rrugën
Nesër ndoshta mbërrijë
Cili njeri
Kish mundur me udhëtua kaq larg
Po e pyesë poetin që ishte
Tek e shikoja
Atë që se shihja
Dhe me ferk të mëngjesit
Mbërrita
Të porta e shpirtit
Dy rreze me prisnin
Hej njeri
Sërish u takuam
Ti dhe Unë e princesha ime
Tani më duhet ta pranoj
Se ti në mua
Je vetë Unë
Gjithë ky rrugëtim
Për të arritur deri te vetë vetja
Paris me 28 mars
VIENDRA ENFIN UN JOUR
Comment pourrais-je te dire un mot
Bien à moi, aussi doux que clair ?
Pour ce qui est des belles choses
Nous devons parler au mieux
Pourquoi notre génération
Doit s’encombrer de postures inutiles et infructueuses ?
Dessous les cheveux, dessus les cils
Naît l’Amour
Dans le silence de l’ombre paisible
J’ai touché aux veines de la pensée
Viendra enfin un jour
Où tout commencera par le commencement
Audergham, 9 mars 2007
ERDHE PЁR GJURMЁ TЁ ERЁS
Deri kur nёn hije
Trupi i heshtjes sate
Erdhe pёr gjurmё tё erёs
Mbretёreshё e askujt
Deri kur nё fushat
Plot me asgjё
Jemi takuar rastёsisht
Gjithçka shkoi poleve tё kundёrta
Deri kur t’ia fshehim vetvetes
Atё qё nuk e dimё
Erdhi e shkoi njё mendim
Nё vend tё fjalёs
Audergham, 9 mars 2007
COMME LE COMMENCEMENT EST SILENCIEUX
Il emmène avec lui tout ce qu’il possède
afin d’apprendre le bon Chemin
Il secoue tout comme des bribes
comme s’il n’allait jamais venir
Pas après pas
comme s’il était au Sommet de sa Fuite
Près de sa Tête
défilent les Automnes
Comme le Commencement est silencieux
Le Passé se referme telle la Solitude
Mais qui sait si ce fut
l’Arrivée ou le Départ qui commencèrent en premier ?
SA E HESHTUR ËSHTË NISJA
Merr me vete tё sajat
Se ia mёsojnё rrugët
Krejt fijet si era i frynё
Sikur nuk ёshtё duke ardhur
Hap pas hapit
Si tё ishte maje ikjes
Te koka e saj
Kapёrcejnë vjeshtat
Sa e heshtur është nisja
E shkuarja mbyllet si vetmia
Kush e di se
Para ёshtё ardhja ose shkuarja
INSPIRATION ENJOUEE
Cette nuit, langoureux,
J’ai rêvé à toi
Ce fut la plus belle des nuits
De toutes les contrées foulées par les hommes.
Chaque fois qu’une nuit promet d’être pleine de rêves
Je veux être
La Beauté rayonnante qui enveloppe ton corps
Pour retenir le temps, je lie les jambes de l’Automne
Ô ma Beauté !
Toi, la plus gracieuse de l’Univers entier.
Aucun mot ne vaut plus de cinq sous
Ô ma Belle Malicieuse !
Je te prie, sois encore plus enjouée
Plus fluide que le vent
Qui souffle vers mon ciel !
FRYMË LOZONJARE
Lazdruar kam qenё mbrёmё
Tё kam ёndёrruar
Mё tё bukurёn e krejt netёve
Deri ku mund të shkel kёmba e njeriut
Sa herё qё terret niseshin pёr ёndёrr
Doja tё isha
Bardha qё mbёshtjell trupin
Vjeshtёs ia lidh tё dyja kёmbёt
E bukur moj
Mё e bukura e rruzullimit
Nuk bёjnё as pesё pare fjalёt mё tё fjalёta
Lazdrake
Pse s’bёhesh mё lozonjare
Se fryma
Të frysh kah qielli im
Nuit d’automne à Paris
Les heures tardives rassemblent les pensées
Le silence règne sur la rue
Le sommeil s’est enfui
Je suis un poète
Où dois-je t’attendre princesse
A quelle ligne du poème
C’est à cause de toi Linda
Que l’automne est arrivé à Paris
Le jeu est plus beau à minuit
Hé
Je suis un poète ne l’oublie pas
Où dois-je t’attendre
A quelle heure
Les reveils au milieu du bal des couleurs
Entrelacées comme des vagues
Font bourdonner mes pensées
Cette nuit, loin de tout sommeil,
Nous la passerons sans dourmir
Je suis un poète
Où te trouves-tu
Les pensées et les heures se chagent en art
La chanson a ouvert la porte aux nouveaux arrivés
La nuit était l’invitée de la ville
Tous me disent poète
C’est de cette manière
Qu’arrive la nuit automnale à Paris.
Natë vjeshte në Paris
Orët e vona mbledhin mendimet
Qetësia vetëm kalon rrugët
Gjumi ka mërguar
Unë jam poet
Ku të pres princeshë
Të cili varg
Në saje tënden Lida
Vjeshta mbërriti në Paris
Loja është më bukura në mesnatë
Hej
Jam poet mos harro
Kur të pres
Në cilën orë
Zgjuarjet me një ballo ngjyrash
Të përziera si valët
Gumzhojnë mendimeve të mija
Ketë natë gjumin bëjmë të pagjumë
Poet jam
Të cila pikë je ndalur
Mendimet dhe orët u bënë art
Kënga ua hapi derën hyrjeve
E nata ishte mysafire e qytetit
Poet më thonë
Nata e vjeshtës në Paris
Vjen vetëm kështu
Paris 3 tetor 2008
Attention chérie
Si tes lèvres
Se prêtent au sourire
Tu ne connaîtras pas l’amour artistique
Dès le premier regard
On voit
Que l’art est fait de barrières
Il faut surmonter son soi
L’artiste doit plonger de plus en plus
Profondément en lui-même
Pour atteindre l’art
Si tu n’es pas une bonne joueuse
Tu ne mérites pas l’artiste
Sais-tu où habite l’âme
De la parole
Au-delà de toute patience
Au-delà de toute force
Beaucoup plus loin que l’infini
Ton regard doit scruter
Les lointains
Sans oublier la proximité
Si tu ne deviens pas
Action
Tu ne deviendras jamais un vers
Pour moi
Ni une inspiration pour l’artiste
Attention
Tu dois rendre rouge flamboyant
Son amour
Afin qu’il puisse atteindre la liberté
L’écrivain est la voix la plus difficile
Qui jaillit
Du sourire
Shiko vajzë
Nëse lehtë të shkon buza
Në gaz
S’mund të kesh dashuri artistike
Qysh prej shikimeve të para
Arti është përplot me barriera
Ta kapërcesh vetveten
Artisti donë edhe më shumë
Për ta prekur artin
Po s’qe kapërcyese e mirë
Dhe zonjushë e rëndë
Nuk e meriton
Artistin
A e din ku banon mundësia
Prej fjalës
Përtej durimit e fuqisë
Edhe më larg se e pakufishmja
Duhet ta mbash larg
Shikimin
Pa i harruar afërsitë
Mos u bëfsh vet
Veprimi
Nuk ke me qenë varg
Për mua
As shpirt për artistin
Dije
Duhet ta motivosh kuq
Dashurinë
Deri ta prek skajin e lirisë
Shkrimtari është zëri më i vështirë
Që t’ del nga
Buzëqeshja
Strasburg, Prill 2009
Nuit éblouissante à Londres
Les pensées de la princesse
Me parviennent en désordre
En cette nuit londonienne
Dans la rue où nous nous sommes séparés
Tout a changé d’adresse
La distance qui nous sépare
Se mesure
En centaines de kilomètres
Tels sont à présent les jours
Du passant
Les distances se sont effacées
Les choses proches se sont éloignées
Ne brille en lui que la liberté
D’un mot
Ses autres pensées se heurtent
Aux nuages
Elle,
La princesse
De toutes les amours,
A élevé l’événement
Au rang de chef-d’oeuvre
Elle a déclaré
Que ces moments
Ont été
Le sommet lumineux
De l‘art.
Nata brilante e Londrës
Po trokasin mendime
Të përziera
Për princeshën
Natën në Londër
Rrugën që na largoi
Gjithçka ka ndërruar adresë
Deri të ajo
Largësia matet me qindra kilometra
Janë ditë të një
Kalimtari
Largësitë janë zhdukur
Afërsitë janë larguar
Liria e një fjale
Shkëlqen
Mendimet tjera përpiqen
Me retë
Është princesha
E krejt dashurive
At ngjarje vet e ka shpallë
Kryevepër
Artin më brilant
Që at ditë asnjë rrugë s’ më qon të jo
Pour une fois nous marchions sur le même chemin.
“ Tout cet amour, encore si vif,
Baisé une fois par le soleil
C’est à moi, c’est à toi.”
Jacques Prevert
De tous les chemins
On revient
Avec une expérience de plus
Comment savoir
Dans quel rêve
Nous sommes-nous rencontrés
Un simple clin d’oeil
Et nous voilà l’un face à l’autre
D’une façon si inattendue!
Tous tes pas
Me suivaient
Une nuit solitaire
Etfroide à Paris
Une nuit fantastique
La nuit la plus grandiose
Tous nos rêves se sont réalisés
Nous nous sommes mis à suivre,
Côte à côte, le même chemin
L’amour a pour seule
Mesure
L’âme.
Tous les chemins
Sont praticables
Souviens-toi
De l’invocation magique
Qui nous a unis
Toi et moi
Chaque dernier samedi
D’octobre
Frappent à ma porte
Les pensées d’autrefois
Les Muses amies m’appellent
Toute la vie est un chemin
Trop court
Nous avons eu
Une seule nuit à nous
Comme c’est long
Comme c’est court
Comme c’est beau
De faire deux ou trois pas
Avec toi.
Njëherë rrugëtimin e kishim të përbashkët
“Kjo dashuri e gjitha, kaq e gjallë akoma
Dhe e puthur njëherë nga dielli
Është e imja është e jotja”
Jacques Prevert
Nga të gjitha rrugëtimet
Vjen
Me nga një kthim më shumë
Ku me ditë
Të cila ëndërr jemi takuar
Cilën ditë duheshim
Në çdo lëvizje
Të syve
Shfaqja jonë bëhej më papritur
Të gjitha drejtimet tua
Më ndiqnin
Një natë vetmie
Të ftohtë në Paris
U bë nata më fantastike
Nata më e madhe
Typ u rrezuan tana ëndrrat
Një rrugëtim e nisëm bashkë
Me asgjë tjetër
Nuk matet dashuria
Pos shpirtit
Të gjitha rrugët janë
Të kalueshme
Veç mbaje mend
Formulën
Që si rezultat
Na bashkoj mua e ty
Të shtëpia ime
Çdo të shtunë të fundit
Tetori
Trokasin në derë
Mendime
Thërrasin muzat
Mike
Krejt jeta është një rrugë
E shkurtër
Ne vetëm një natë kishim
Të përbashkët
Sa e gjatë
Sa e shkurtë
Sa brilant ishin dy tre hapa
Rrugëtim me ty
Mes deux dames
Loin l’un de l’autre
Trop loin
Moi, tout seul,
Toute seule toi aussi.
Cette nuit se temine pour toi
Toute seule
Quelque chose
Frappe à la porte de mon esprit
Et il fait le même bruit
Que la poésie
Princesse
Attends
Une paroles s’envole vers toi
La mienne
Désormais tu n’es pas seule
Vous êtes deux dames
L’une sort de la bouche
L’autre du coeur
Unisez-vous ce soir
Mes deux dames
* * *
M’écouter
Couvrir le mot
Découvrir la nuit
Jeune-fille
N’oublie pas le message
Avec lui
Tu n’es plus seule
Va dormir
Moi et la poésie
Tu nous trouveras au lit.
Dy zonjat e mija
Larg jemi njëri tjetrit
Shumë larg
Dhe i vetmuar unë
E vetme ti
Tani kjo natë mbyllet në ty
Fillikat vetëm
Diçka
Po më troket në mendje
Të njëjtën trokitje
Po e ndjenë poezia
Princeshë
Prite
Të ti po vjen një fjalë
Imja
Tanimë s’je vetëm
Jeni dy zonja
Njëra del nga goja
Tjetra nga zemra
Bashkohuni sonte
Dy zonjat e mija
***
T’ më ndjesh mua
Duhet ta veshësh fjalën
Zhvishe terrin
Vajzë
Mos harro mesingjerin
Ketë komunikim tani
Ti s’je më vetëm
Shko flejë tash
Mua e poezinë
Na ke në shtrat
FOND
J’attends encore la foule des arrivants
Je reconduis les cohortes des partants
Il a refleuri le matin
Du mars
Des nos nuits lointaines
Nous nous rencontrerons quelque part
Au-delà du temps.
SFOND
Akoma pres turma e ardhjesh
Përcjell kolona shkuarjesh
Paska çelur mëngjesi
I marsit netëve tona të largëta
Takohemi diku përtej kohëve
L’HIVER DU GRAND DETACHEMENT
A Ibrahim Rugova
Jamais je ne t’ai vu,
Non, jamais
Toi,
Notre pierre d’or,
Si silencieux,
T’en allant au-delà de toi-même
Pour passer sur l’autre rive
Tu ne pouvais choisir
Un meilleur jour.
Sur la Colline des Martyrs
Longtemps
Tu reposeras
Rêve,
Prie pour la Dardanie
L’hiver du grand détachement
Est tombé entre tes sourcils
Tout est arrivé avec des larmes
Le grand temps
Le jour du départ
Janvier, ce janvier du deuil.
Silencieux à cause de ce que l’on tait
Ô colosse de la parole et de la vérité
Comment as-tu pu retenir ton souffle
En ce jour
Grand parmi tous !
Montagnard
Ta parole avait tant de poids.
DIMRI I SHKËPUTJES SË MADHE
Ibrahim Rugovës
S’të kam parë
Kurrë
Kaq të heshtur
Guri ynë prej ari
Të shkosh përtej vetvetes
Matanë
A nuk gjete tjetër ditë
Të Kodra e Dëshmorëve
Gjatë
Ke për të pushuar
Ëndërro
Dhe lutu për Dardaninë
Tënde
Dimri i vetmisë të ka rënë
Ndër vetulla
Gjithçka erdhi me lotin
Mot i madh
Dita e shkëputjes
Janar, janari i zisë
Heshtak i asaj që s’flitej
Kolos i fjalës dhe i zhgjëndrrës
Si i mblodhe frymët
Ditën
Që kapërceu kufijtë
Malësor
Sa peshë të kishte fjala
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